Traumatismes du sport
ARTS MARTIAUX
L’épaule est très sollicitée dans les sports de combats (Boxe anglaise, MMA…) et les arts martiaux (judo, jujitsu, karaté…)
Le membre supérieur représente environ 50% des blessures.
L’intensité des entrainements et des combats à travers la réalisation de techniques de frappe, de projection ou de soumission entre autres peut entrainer un risque de blessures non négligeable pour les pratiquants, notamment au niveau des membres supérieurs.
Ces blessures peuvent non seulement affecter la performance et la qualité de vie des combattants, mais aussi entraîner des complications à plus long terme.
LUXATION DE L'ÉPAULE
Lors d’une chute ou d’un traumatisme direct (striking, grapling, soumission) sur le bras, l’épaule peut se luxer.
On peut retrouver deux directions de luxations de l’épaule :
- La luxation antérieure : environ 95% des luxations. La tête humérale se luxe en avant de la cavité glénoïdale
- La luxation postérieure : plus rare. La tête humérale se luxe en arrière de la glène de l’omoplate.
Ces luxations peuvent conduire à une instabilité de l’épaule. Il existe 3 types d’instabilité de l’épaule :
- la vraie luxation correspondant à une perte totale de la congruence articulaire. Elle peut être traumatique (après un accident ou une chute) ou congénitale, volontaire ou involontaire, unique ou récidivante. La luxation de l’épaule doit être réduite par manœuvres externes et peut nécessiter une anesthésie.
- La subluxation est un déplacement visible sans réelle luxation avec réduction immédiate. Elle peut être volontaire ou involontaire
- L’épaule douloureuse instable liée à des micro-mouvements (micro-instabilité) articulaire non visible à l’examen clinique.
C’est une indication chirurgicale.
LUXATION DU COUDE
Lors d’une chute ou d’un traumatisme direct (striking, grapling, soumission) sur le bras, le coude peut se luxer.
Il peut en résulter une instabilité de coude résiduelle.
L’instabilité postéro-latérale du coude est la plus fréquente.
Les signes cliniques évocateurs sont :
- Sensation de ressaut douloureux
- Sensation de dérobement du coude aux efforts de poussée
- Douleurs sur le versant latéral du coude avec une gène fonctionnelle
Les symptômes sont majorés en extension ou légère flexion de coude avec appui sur la main et l’avant-bras en supination, ce qui correspond aux gestes pour se relever d’une chaise. Les mobilités du coude sont le plus fréquemment conservé, à l’inverse la force est diminuée. L’instabilité postérolatérale résulte d’une incompétence du ligament collatéral latéral.
C’est une indication chirurgicale.
AUTRES PATHOLOGIES
BASKETBALL, FOOTBALL, RUGBY
Les traumatismes de l’épaule liés à une chute au basketball sont fréquents, mais peu spécifiques.
Au football, le poste de gardien est le plus impacté par les blessures du membre supérieur.
Les blessures liées à la pratique du rugby surviennent fréquemment.
On retrouve les traumatismes de la coiffe des rotateurs, les lésions musculaires, les instabilités de l’épaule, les luxations acromio-claviculaires ou sternoclaviculaires ainsi que les fractures.
RUPTURE DE LA COIFFE DES ROTATEURS
Il s’agit d’une lésion rarement retrouvée.
En cas d’épanchement sous acromial important, l’élévation antérieure active peut être difficile.
Une rupture traumatique de la coiffe des rotateurs est très rare et d’indication chirurgicale.
LÉSION MUSCULAIRE
Lors d’un arrêt ou d’un contact violent, une rupture du tendon du grand pectoral ou une rupture du biceps au coude peut survenir. Il s’agit d’une urgence chirurgicale.
INSTABILITÉ DE l'ÉPAULE
Il s’agit de la luxation antérieure de l’épaule classiquement retrouvée après un traumatisme.
Après un premier épisode de luxation de l’épaule, des séances de kinésithérapie doivent être menées pour prévenir le risque de récidive axé sur un travail de renforcement musculaire et proprioceptif.
En cas de récidive de luxation, persistance d’une appréhension ou de subluxations, une intervention chirurgicale de stabilisation de l’épaule par butée (Intervention de Latarjet) doit être effectuée.
LUXATION ACROMIO-CLAVICULAIRE
Elle peut survenir à la suite un choc direct de l’épaule. Bon résultat du traitement non chirurgical dans les stades non ou peu déplacés. Indication chirurgicale dans les stades très déplacés (stade 4 et 5). La chirurgie arthroscopique permet dans le même temps opératoire le traitement des autres lésions. Il n’y a pas de consensus pour le traitement des déplacements intermédiaires (stade 3).
AUTRES PATHOLOGIES
INSTABILITÉ DU COUDE
Les traumatismes du coude chez le basketteur sont variables :
- Instabilité du coude le plus souvent postéro-latérale. Elle fait suite le plus souvent à une luxation du coude simple ou complexe, mais peut parfois survenir suite à un simple traumatisme (Entorse du coude).
Les signes cliniques évocateurs sont :
- Sensation de ressaut douloureux
- Sensation de dérobement du coude aux efforts de poussée
- Douleurs sur le versant latéral du coude avec une gène fonctionnelle
Les symptômes sont majorés en extension ou légère flexion de coude avec appui sur la main et l’avant-bras en supination, ce qui correspond aux gestes pour se relever d’une chaise. Les mobilités du coude sont le plus fréquemment conservé, à l’inverse la force est diminuée. L’instabilité postérolatérale résulte d’une incompétence du ligament collatéral latéral.
Un examen clinique spécialisé complété par une IRM doit être effectué.
Le traitement est le plus souvent chirurgical.
GOLF
Les blessures de l’épaule et du coude au golf sont relativement fréquentes et résultent le plus souvent de problèmes
Il ne s’agit pas typiquement d’un sport avec armée du bras en rotation externe et abduction avec lancer.
Les lésions à l’épaule sont plus souvent chroniques, d’une grande variété, reflet de la répétition du geste et de sa caractéristique avec certaines positions extrêmes (overuse syndrome).
LE CONFLIT SOUS-ACROMIAL
Typiquement retrouvé sur l’épaule non dominante (gauche chez un droitier) et déclenché en fin de Backswing. Dans cette position, l’épaule est en adduction maximum, position favorable au conflit avec des lésions possibles sur le sus épineux, l’intervalle des rotateurs et sur le biceps (LPB).
En haut du backswing, le coude droit est relativement proche du thorax, position plutôt « protectrice » contre le conflit de l’épaule droite (dominante).
ARTHROPATHIE ACROMIOCLAVICULAIRE
L’arthropathie acromioclaviculaire n’est bien sûr pas spécifique au golf. Elle est fréquente, mais le surmenage de cette articulation par la répétition du swing peut la provoquer.
Il s’agit alors de microtraumatismes répétés, volontiers dans la population 20-45 ans, et coté dominant (épaule droite, Droitier). Elle est aussi favorisée par la répétition d’un mauvais contact terre /balle chez le golfeur débutant.
Cliniquement la douleur est dans la région supérieure du moignon de l’épaule, d’irradiation parfois cervicale ou latérale, accentuée à la pression de l’articulation (difficile de dormir sur l’épaule) et au cross arm test (adduction max à 90° d’élévation antérieure).
La radiographie montre des remaniements de la clavicule latérale (géode/sclérose) ou plus rarement des ostéolyses retrouvées dans les sports de contact. Son aspect est différent de l’arthrose acromioclaviculaire, qui est possible et devient alors symptomatique. Celle-ci est volontiers bilatérale avec des lésions articulaires en miroir.
INSTABILITÉ
A l’image de l’épaule du lanceur, la répétition du swing chez le golfeur professionnel peut engendrer une distension de la capsule.
Le retard du club au downswing, nécessaire pour générer de la puissance, entraine une hyperotation externe de l’épaule (en revanche le coude est collé au tronc, à la différence des sports avec armée du bras). La distension antérieure en est la résultante (hyperlaxité acquise), ce qui peut entrainer une microinstabilité antérieure de l’épaule dominante.
Ce mécanisme explique les problèmes des jeunes hyperlaxes qui peuvent ressentir des subluxations dans des positions extrêmes au downswing à droite et en fin de swing à gauche (pour ceux qui ont un finish coté non dominant avec coude haut et en arrière.)
A l’inverse, l’épaule non dominante (gauche) est en adduction maximum au backswing, pouvant théoriquement entrainer une distension de la capsule postérieure et donc une microinstabilité vers l’arrière.
Les tests isocinétiques sont intéressants pour rechercher un déséquilibre entre rotateurs externes et internes afin de guider la rééducation, principal traitement en l’absence de lésions importantes d’instabilité (labrum).
Le traitement chirurgical est délicat, car la diminution de cette hyperlaxité acquise induit par la chirurgie conduirait à une modification du swing (perte de quelques degrés de rotation externe).
ARTHROSE GLÉNOHUMÉRALE
Non spécifique au golf mais expression ou décompensation possible. Les symptômes typiques sont l’association douleur/raideur.
Une intervention chirurgicale consistant en la mise en place d’une prothèse d’épaule peut être indiquée.
La reprise du golf est possible avec une prothèse d’épaule.
ÉPICONDYLITE LATÉRALE ET
ÉPITROCHLÉITE LATÉRALE
Souvent très liées à la façon dont le club est tenu, et au matériel ( importance du fitting).
Une infiltration cortisonée à la phase aigue peut être nécessaire pour passer le cap douloureux.
PRÉVENTION DES PATHOLOGIES
DE L'ÉPAULE ET DU COUDE
Les stabilisateurs de l’omoplate
Ces muscles (dont le dentelé antérieur, le trapèze moyen et inférieur, les rhomboïdes) servent à maintenir l’omoplate plaquée au thorax lors des mouvements du membre supérieur. Il est essentiel que la scapula assure une stabilité lors des mouvements pour que l’articulation gléno-humérale travaille dans de bonnes conditions (orientation de la glène dans les différents plans).
Exercices :
La progression de ce recrutement musculaire se fera d’abord à plat ventre, en position quadrupédique, puis à chevalier servant pour finir penché en avant (position du swing de golf),
La mobilité de l’articulation-gléno-humérale
C’est une articulation qui est très mobile dans tous les plans de l’espace. La coiffe des rotateurs a un rôle essentiel pour maintenir un mouvement harmonieux de cette articulation. Pour garder cette mobilité, il est primordial de travailler ces muscles de la coiffe, mais aussi tous ceux qui vont limiter le mouvement actif de flexion de l’épaule, des rotations externe et interne,
Pour le swing de golf, la rotation externe de l’articulation gléno-humérale avec 90°d’abduction (bras parallèle au sol), est importante ainsi que 180° de flexion de l’épaule.
Exercices :
Membres supérieurs en chandelier sur le ventre, en position quadrupédique
Travail de l’extensibilité des muscles extenseurs
Travail de l’extensibilité des muscles extenseurs avec une sangle
L’extensibilité des muscles extenseurs et fléchisseurs du poignet et la prono-supinationde l’avant-bras.
Les problèmes d’épicondylites et d’épitrochléites sont très liées à la façon dont le club est tenu, et au matériel (importance du fitting).
Il est très important de garder les poignets souples lors du swing de golf. Le coude est souvent trop sollicité par une diminution de la mobilité des poignets. La compensation la plus connue est le «chickenwing» au finish,
Exercices :
Le palm press, le wristflexion stretch, le wristextension stretch
Lors de tous les exercices, il est essentiel de maintenir stable les parties qui ne sont pas en mouvements :
- Penser à rentrer le ventre le plus possible lorsque vous êtes sur le ventre
- Penser à garder les hanches à l’aplomb des genoux (cuisses faisant un angle droit avec le tronc)
- Penser à gainer le bas du corps lors des exercices en position debout
Hubert Bouchet
Masseur kinésithérapeute-Ostéopathe
- Certifié TPI (Tileist Performance Institute)
- Certifié S.F.M.A ( Selective Functional Movement Assessment)
- Certifié Racquetfit (Biomécanique du service de tennis)
- Membre de l’A.F.K.G (Association Française des kinés et ostéos du Golf)
- Membre de la commission jeunes du comité départemental de Golf de Loire-Atlantique
HANDBALL
Le handball est un sport pivot et de lancer avec une grande vitesse de rotation de l’épaule et du coude. Les blessures de l’épaule et du coude au handball sont donc fréquentes.
ÉPAULE
Luxation de l’épaule :
Lors d’un match de handball, la luxation de l’épaule peut se produire lors d’une mauvaise réception de saut ou lors d’un contact en armée contré.
Après un premier épisode de luxation, des séances de kinésithérapie doivent être effectuées pour prévenir le risque de récidive.
Le sportif peut se plaindre d’une appréhension, c’est-à-dire la peur de se luxer l’épaule dans les gestes de la vie quotidienne, mais aussi dans les activités professionnelles et sportives.
En cas de récidive ou d’une appréhension persistante au niveau de l’épaule, une intervention chirurgicale de stabilisation de l’épaule doit être discutée.
Overuse Syndrome
Au cours du geste de lancer, l’épaule est soumise à des contraintes importantes nécessitant un équilibre parfait entre mobilité et stabilité. L’hypersollicitation de l’épaule par répétition des mêmes gestes sportifs conduit à des adaptations des structures ligamentaires et musculaires de cette articulation en vue de l’amélioration de la performance.
Plusieurs facteurs participent à la déstructuration de l’épaule dans ce sport :
- l’augmentation de la mobilité en rotation externe par rapport à la rotation interne (le geste de lancer se faisant en rotation externe) responsable d’une instabilité micro-traumatique.
- l’apparition d’un déséquilibre entre les différents groupes de muscles autour de l’épaule (déséquilibre entre les muscles rotateurs externe/interne)
- une position et mobilité anormale de l’omoplate (dyskinésie scapulo-thoracique)
Parfois, ces modifications peuvent être responsables de lésions de l’épaule spécifique du lanceur :
- Conflit postéro-supérieur de l’épaule
- Tendinopathie de la coiffe des rotateurs
- SLAP lésion
- Lésions du labrum
COUDE
Handball Elbow
Les principaux symptômes sont la présence de douleur, sensation d’instabilité du coude, une appréhension à l’effort, une faiblesse musculaire, la perte d’amplitude et un engourdissement. 51% des gardiens de but et 32% des joueurs de champ souffrent d’affections au niveau coude
Les gardiens ayant majoritairement des douleurs bilatérales tandis que les joueurs de champ révèlent des douleurs latéralisées du côté dominant. Cependant, tous les joueurs (de champ et gardien) souffrent du compartiment médial du coude.
2 mécanismes sont retrouvés :
- L’hyper-extension du coude avec le membre éloigné du corps pour contrer le ballon pour le gardien de but
- Le geste de lancer répétitif pour le joueur de champ (100 000/an). Le coude du joueur de handball est soumis à de fortes contraintes en hyper-extension associées à un valgus lors du mouvement de lancer.
Le diagnostic est clinique avec douleurs à la palpation du compartiment interne majorées lors du testing en valgus et supination.
Un test de stress en valgus forcé avec des radiographies en stress visent à rechercher une instabilité médiale du coude.
On recherchera également une atteinte au niveau du nerf ulnaire.
Des examens complémentaires (IRM, radiographies, échographie) peuvent être demandés pour orienter la prise en charge diagnostique et thérapeutique.
TENNIS
Les douleurs de l’épaule sont la plainte la plus fréquente chez les joueurs professionnels.
Il s’agit principalement de tendinopathie de la coiffe des rotateurs associées ou non à un conflit sous acromial et des conflit postéro-supérieurs.
Elle est souvent déclenchée par le service et le smash, les coups de fond de court pour jouer des balles hautes, le revers lifté à une main, dont la fin de geste se termine au dessus de l’épaule, les volées hautes.
LES BLESSURES DU COUDE
L’épicondylite latérale, appelée également « tennis elbow » est une tendinopathie impliquant le court extenseur radial du carpe. C’est l’une des blessures de surmenage les plus courantes au tennis, en particulier chez les joueurs de loisir. Elle est déclenchée par le geste du revers.
L’épicondylite médiale, ou « golf elbow » est plus rare. Elle touche les joueurs experts ou professionnels. Elle est liée à la surutilisartion des muscles fléchisseurs du poignet et pronateurs de l’avant-bras lors des services et coups droits de fond de court (chocs, vibrations, tensions musculaires).
TECHNOPATHIES DU TENNIS
Les évolutions techniques du matériel a permis de créer des raquettes plus performantes. Ces évolutions ont permis d’augmenter la vitesse et la puissance des frappes pouvant être à l’origine d’une augmentation de l’incidence des blessures de surutilisation.
Un matériel inadapté :
- Une raquette trop lourde est susceptible d’augmenter les contraintes articulaires et être à l’origine de blessures chroniques.
- Une raquette équilibrée en tête peut augmenter les contraintes musculaires
- Une augmentation de la taille de tête de raquette et une rigidité plus élevée du cadre permettent de réduire les vibrations transmises au bras
- Une taille de manche non adaptée est un facteur de risque de « tennis elbow »
- Une tension de cordage trop importante est un facteur de risque de « tennis elbow »
- L’utilisation de cordage de grande rigidité (monofilaments, kevlar) augmente les contraintes mécaniques.
Une raquette trop lourde ou trop équilibrée en tête, une raquette de taille XL, un cordage trop tendu sont autant d’éléments qui peuvent influencer l’apparition de blessures à l’épaule (ou au coude).
Défauts techniques :
- Erreur de centrage de la balle : pour des impacts de balle au centre de percussion de la raquette, le joueur subit un choc minimal.
- Service avec plateau : on retrouve une augmentation des contraintes articulaires maximales lors du service avec tamis de la raquette s’ouvre vers le plafond au début de la phase d’accélération du service au lieu de rester parallèle au dos du joueur.
Pour prévenir l’apparition de blessures à l’épaule en jouant au tennis, toujours bien s’échauffer et faire des efforts progressifs :
- Corriger les défauts techniques qui peuvent être à l’origine de blessures chroniques.
- Bien choisir son matériel
- s’accorder des périodes de repos et éviter le surentrainement,
- faire un renforcement musculaire spécifique pour la stabilisation de l’épaule
En cas de persistance des douleurs, un avis auprès du chirurgien peut être demandé avec un bilan d’imagerie (Radiographies, IRM) afin de rechercher une éventuelle pathologie relevant d’une intervention chirurgicale.