Définition
La rupture de la coiffe des rotateurs est une pathologie très fréquente.
La coiffe des rotateurs de l’épaule est un ensemble de tendons provenant de quatre muscles (sous-scapulaire, sus-épineux, infra-épineux, petit-rond) auquel s’ajoute le tendon du long biceps qui passe sous la coiffe des rotateurs et coulisse dans une gouttière.
Les muscles de la coiffe des rotateurs, lors de leur contraction, interviennent dans les mouvements harmonieux de l’épaule.
Cet ensemble de tendons peut se léser et ainsi engendrer une rupture de la coiffe des rotateurs.
Il existe différent type de lésions tendineuses selon l’origine de la lésion :
Rupture dégénérative :
le plus souvent, c’est-à-dire favorisée par une mauvaise vascularisation tendineuse et où par la répétition de gestes entrainant une usure tendineuse progressive. Elles font suites à des efforts inhabituels de type bricolage ou bien professionnels. On les rencontre également de manière fréquente après 50 ans dans la population générale. Il s’agit plus souvent d’une usure tendineuse que d’une rupture (notion de traumatisme)
Rupture traumatique :
Suite à une chute sur l’épaule, une luxation de l’épaule, un traumatisme violent.
Ruptures partielles et transfixiantes :
On appelle « transfixiantes », les lésions qui atteignent la totalité de l’épaisseur du tendon.
Les lésions partielles atteignent une épaisseur plus ou moins importante du tendon (lésions de la face superficielle du tendon côté acromion et profonde côté cartilage de la tête de l’humerus).
Les deux types de lésions peuvent provoquer des douleurs et justifier d’une prise en charge médicale ou chirurgicale.
Le tendon le plus souvent concerné est le sus-épineux. Cependant, plusieurs tendons peuvent être rompus en même temps et se rétracter (on parle de rupture massive de la coiffe des rotateurs).
Le tendon du biceps qui se trouve sous la coiffe est également le plus souvent touché, entrainant des inflammations, des dilacérations ou encore des luxations extrêmement douloureuses.
Face à une rupture de la coiffe des rotateurs, il existe plusieurs traitements qui peuvent être proposés. L’indication thérapeutique dépend de différents critères analysés par le chirurgien :
- l’âge du patient, ses activités, sa profession, ses antécédents médicaux (diabète et autres pathologies)
- la notion de tabagisme
- la réparabilité du tendon (rétraction tendineuse, infiltration graisseuse du muscle, ascension de la tête humérale)
- la notion d’épaule pseudo-paralytique
Quelque soit l’indication thérapeutique, des séances de kinésithérapie et exercices d’auto-rééducation de l’épaule doivent être prescrites si l’épaule est raide ou douloureuse.
Il est essentiel d’avoir des mobilités passives complètes.
Examen clinique
On retrouvera le plus souvent des douleurs au niveau de l’épaule, volontiers irradiante vers le bras ou au niveau des fosses sus et sous épineuses. Ces douleurs peuvent avoir une composante nocturne et peuvent être insomniantes.
Il existe également le plus souvent une perte des mobilités actives de l’épaule avec des difficultés pour lever le bras, mettre la main dans le dos ou amener la main à la bouche.
Une fatigabilité ou une perte de force peut également être constaté.
Un examen clinique précis testant l’ensemble des tendons de la coiffe des rotateurs permettra d’orienter la prise en charge.
Imagerie
Il est indispensable d’effectuer des examens d’imagerie (IRM ou arthro-scanner) pour analyser la rupture de la coiffe des rotateurs et confirmer sa réparabilité.
Traitement médical
Toutes les ruptures de la coiffe des rotateurs ne sont pas opérées.
Ces ruptures peuvent être bien tolérées si elles sont dégénératives. Ces ruptures dégénératives apparaissent lentement et peuvent être totalement asymptomatiques pendant de nombreuses années.
Mais ces épaules peuvent devenir douloureuses par inflammation de l’espace sous acromial en raison de l’ascension de la tête humérale.
Des séances de kinésithérapies basées sur un travail d’abaissement de la tête humérale peuvent réduire l’inflammation et donc la douleur.
Un arrêt des activités sollicitant l’épaule est également recommandé.
Une infiltration de l’épaule est fréquemment prescrite pour calmer les douleurs de l’épaule.
Nous ne recommandons pas la multiplication d’infiltration de corticoïdes sur les ruptures de la coiffe des rotateurs qui peuvent fragiliser les tendons et diminuer les chances de cicatrisation en cas d’intervention chirurgicale.
Les injections de PRP (Plasma Riche en Plaquettes) n’ont pas encore prouvé d’efficacité dans la prise en charge des ruptures de la coiffe des rotateurs.
Intervention chirurgicale
Si, malgré les séances de rééducations, il persiste des douleurs, une perte de force ou d’endurance, il faut effectuer une intervention chirurgicale.
Il n’y a jamais d’urgence à opérer une rupture de la coiffe des rotateurs, mais plus elle est opérée tôt, plus les chances de succès de la réparation sont élevées !
L’intervention chirurgicale se fait généralement en ambulatoire avec une anesthésie générale et locale de l’épaule.
La réparation anatomique de la coiffe des rotateurs s’effectue sous arthroscopie.
L’arthroscopie est une méthode mini-invasive utilisant une caméra miniature permettant d’explorer l’ensemble de l’articulation.
Les tendons sont réinsérés sur l’os à l’aide d’ancres et de fils permettant d’amarrer à nouveau les tendons sur leur zone d’insertion osseuse initiale. Des gestes associés sont également réalisés en fonction des données de l’examen clinique et de l’imagerie pré-opératoire (ténodèse du biceps, bursectomie, acromioplastie).
Parfois la coiffe des rotateurs n’est pas réparable, mais plusieurs techniques chirurgicales existent pour améliorer la fonction de l’épaule (Réparation partielle, ténotomie du biceps, transfert tendineux, prothèse d’épaule inversée).
Les suites postopératoires
Entre le 1ᵉʳ jour et la 6ᵉ semaine postopératoire :
Après l’intervention, une attelle sera portée selon les consignes de votre chirurgien.
Elle peut être retirée plusieurs fois par jour pour mobiliser le coude, le poignet et les doigts, lors de la toilette et de l’habillage et pendant les séances de rééducation.
Des séances de cryothérapie (thérapie par le froid) peuvent être utiles les premiers jours.
Des exercices d’auto-rééducation et séances de kinésithérapie seront débutés précocement. (anticipez votre rendez-vous avec votre kinésithérapeute des connaissances de la date de votre intervention). La rééducation doit être douce et sans douleurs. L’objectif est de récupérer une épaule souple.
Des fiches d’auto-rééducation et vidéos explicatives sont disponibles ici.
Entre la 6ᵉ semaine et la 3ᵉ mois postopératoire :
L’attelle peut être retirée définitivement.
Le bras peut être utilisé pour toutes les activités quotidiennes.
Les exercices de rééducation sont à poursuivre.
À partir du 3ᵉ mois postopératoire :
Des exercices de renforcement musculaires progressifs peuvent être débutés.
Votre chirurgien vous suivra en consultation régulièrement après l’intervention.